Mon ministère en France : histoire d’une vocation
L’abbé Noël Gbeytin va rejoindre le Bénin après huit années passées en France. Il revient sur ce qu’il a vécu dans les paroisses du diocèse, sur la formation qu’il a suivie. Une double activité exigeante. Il part « transformé ».
Au terme de ma mission en France et de mes trois années dans la communauté paroissiale de Lamballe, mon témoignage se résume en un rêve inachevé durant ces huit précieuses années en Bretagne qui m’ont transformé. Au départ, j’appréhendais ma double mission : servir le peuple de Dieu et réussir ma formation ; un défi !
Sur le plan religieux, ce fut une métamorphose. Je devais rencontrer une nouvelle culture portée par une autre tradition et une vie religieuse trop discrète mais fervente. Le choc d’une grande église avec peu de fidèles et les animations très peu vivantes m’ont désillusionné. J’ai découvert une autre manière d’être chrétien à travers une qualité de vie religieuse impressionnante.
Des rencontres
L’organisation de la pastorale, l’implication active des fidèles et le déroulement des différentes années m’ont permis de comprendre qu’il n’y a pas de pastorale stéréotypée : la formule brute est la même, c’est l’Église ; mais les isomères sont nombreux par leurs diverses configurations. J’ai remarqué de réels efforts de propositions d’expression de vie de foi au niveau de toutes les couches sociales : les groupes de prières, les chorales, les services, etc. Comme tel, c’est impressionnant de voir comment chacun cherche à trouver sa place dans l’Église afin de rester membre du corps du Christ malgré les hésitations de certaines personnes.
Mon admiration est aussi évidente devant l’accueil des chaleureux cœurs bretons. Habitué à saluer des personnes en premier sur mes chemins, j’ai souvent été confronté à des questions du genre : «On se connait ? ». Et si le temps le permet, la conversation osée se poursuit. Plusieurs fois, j’ai été bouleversé par la vie de certaines personnes qui se confient à moi alors qu’elles ne mettent jamais les pieds à l’église… De telles rencontres ont progressivement changé mon regard sur l’autre ! Ce sont là quelques leviers de ma conversion.
Une formation en biologie
La formation parallèle à ma mission pastorale pour mieux servir est une formation dans le secteur médical afin d’améliorer la prise en charge des malades de mon pays où la carte Vitale n’existe pas. La reprise des études scientifiques n’a pas été évidente, car je les avais abandonnées depuis 17 ans au profit de huit années de formation au séminaire. Mais la grâce de Dieu était à l’œuvre. Après avoir obtenu mon BTS analyses de biologie médicale, à Rennes, j’ai continué à l’UCO (Université catholique de l’Ouest) de Guingamp où j’ai achevé avec succès une licence en biologie cellulaire et moléculaire. J’ai aussi profité de ce cursus académique pour semer la Bonne Nouvelle dans les établissements publics et privés que j’ai fréquentés.
Beaucoup de disponibilité
Ce parcours m’apparaît bien mystérieux. Tout au long de ces années, j’ai travaillé sans jour de repos hebdomadaire, avec un agenda bien rempli pour le week-end, après la semaine dans les cours, devoirs, exposés et comptes-rendus. J’ai alors compris que lorsque le Seigneur surprend, c’est toujours agréablement. Il s’agit de la surprise remarquable à l’œil nu de l’accueil chaleureux des Bretons et de l’ouverture fraternelle des confrères prêtres. Grâce à ce réseau de confiance en Dieu et en l’Homme, tissé sur une terre favorable et garnie de facteurs de croissance, j’ai pu conduire jusqu’à leur bon terme mes services paroissiaux et ma formation.
Rien n’est banal dans le cheminement d’un ministre. Quand Dieu appelle, c’est toujours le point de départ d’une aventure dont on ne peut prédire le déroulement. C’est une question de disponibilité car rien n’est impossible à Dieu. L’initiative vient de Lui ; la réponse ne peut se faire sans sa grâce. S’il nous demande des choses plus difficiles, c’est parce qu’il reste le maître de ses dons.
En cette fin d’étape, je compte sur ses dons pour poursuivre dans sa Sainte Volonté et dans la joie de l’Évangile.
Abbé Noël Gbeytin